Sophia Ahn
Sophia Ahn reçoit le prix Élan – thèse de l’année en Société et culture pour l’éclairage nouveau qu’elle apporte sur l'influence des parents sur le sentiment d’agentivité des jeunes dans leur choix de carrière.

Prix Élan – thèse de doctorat de l’année en Société et culture
La Faculté des études supérieures et postdoctorales et le Vice-rectorat à la recherche, à la création et à l’innovation de l’Université Laval reconnaissent par le prix Élan la qualité exceptionnelle de la recherche doctorale et récompensent l’étudiante ou l’étudiant qui a produit une thèse d’exception dans chacun des trois secteurs de recherche suivants : Nature et technologies, Santé et Société et culture.
Jiseul « Sophia » Ahn, la motivation profonde au cœur de la recherche
Lauréate du prix Élan – thèse de doctorat de l’année en Société et culture de l’Université Laval, Sophia Ahn (aussi appelée Jee Seul Ahn et Jiseul Ahn) étudie la motivation des jeunes dans leur choix de carrière. Intitulée « How do Parents Foster Adolescents’ Career Development During the Postsecondary Transition? Nurturing agency and its motivational resources », la thèse de Sophia Ahn jette un éclairage nouveau sur le rôle joué par les parents dans le sentiment d’agentivité des jeunes dans leur choix de carrière.
Sophia Ahn présente un parcours remarquable, à la hauteur de sa thèse d’exception. Originaire de Corée du Sud, Sophia Ahn a immigré aux Philippines avec sa famille lorsqu’elle était adolescente. Elle y a effectué son baccalauréat en psychologie à l'Université De la Salle de Manille, avant d’aller enseigner l’anglais en Corée du Sud, afin de réaliser son rêve de devenir enseignante. En classe, elle constate une certaine détresse chez ses élèves, malgré leurs excellentes notes. L’accent mis par les familles coréennes sur certains parcours académiques associés à l’excellence semble en cause. Les intérêts des étudiantes et étudiants sont peu valorisés, comme si un seul chemin menait au succès. Elle choisit d’approfondir ce constat par une maîtrise en psychopédagogie sur la motivation axée sur les intérêts et valeurs des personnes étudiantes à l’Université de Corée. Alors qu’elle participe à deux colloques, elle rencontre Catherine Ratelle, professeure titulaire à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval, dont les recherches lui apparaissent particulièrement pertinentes et novatrices. Couplées à son envie de participer à des transformations sociétales nourries par la science, ces rencontres mènent à un projet de grande envergure : celui d’un doctorat en sciences de l’orientation. Pour ajouter au défi, elle choisit de venir étudier à l’Université Laval, ce qui implique d’apprendre le français et une nouvelle culture.
Déterminer ce qui crée la détermination
Sophia Ahn a utilisé le cadre de la théorie de l’autodétermination (self-determination theory) pour sa thèse. Selon cette théorie, l’humain ne peut être totalement épanoui sans répondre à ses besoins d’autonomie, de lien social et de compétence. Ainsi, dans le cadre du choix de carrière, le sentiment d’être influencé par ses parents ou encore par des conseillers et conseillères en orientation peut favoriser le sentiment d’autodétermination de l’individu ou y nuire, selon la valorisation de l’autonomie du jeune.
L’envergure de la thèse a été permise par l’accès à une base de données monté par l’équipe de la professeure Ratelle. Cette base de données d’une cohorte représentative de jeunes suivis durant six ans, soit de troisième secondaire à trois ans après la fin du secondaire, est partagée dans plusieurs projets de recherche et a permis d’apporter de nouveaux éclairages en sciences de l’orientation. Les analyses fines faites par Sophia Ahn ont aussi innové au sein de sa discipline. Selon la directrice de la thèse, « Au-delà de l’apport de sa thèse au développement des connaissances, Sophia Ahn amène grâce à chacun de ses articles de thèses un fort apport pédagogique par leur enseignement des différentes analyses sophistiquées qu’elle a utilisées. » Au moment d’écrire ces lignes, deux des articles tirés de sa thèse ont été publiés et le troisième est sous presse.
Sophia Ahn souligne l’apport de sa directrice et de son codirecteur de thèse, André Plamondon, qui ont été des guides, soutenant son autonomie dans tous ses choix. Malgré la pandémie, l’apprentissage d’une nouvelle langue et d’une nouvelle culture, Sophia Ahn affirme en riant que son doctorat a « presque été facile », puisqu’elle s’est sentie soutenue par toutes les instances de l’Université Laval avec lesquelles elle a interagi.
Aujourd’hui stagiaire postdoctorale au Centre de recherche en santé publique de l’Université de Montréal, Sophia Ahn explore cette fois la continuité et la discontinuité des inégalités lors du passage à l’âge adulte. Elle effectue sa recherche en partenariat avec un organisme qui travaille auprès des jeunes. Ceux-ci sont inclus à chacune des étapes de son projet, de la formulation des questions de recherche, à la livraison des résultats, en passant par la récolte de données. L’approche d’application des connaissances intégrée répond à son désir de mettre l’accent sur le transfert, pour un plus grand impact sur la société. En parallèle, elle poursuit sa passion pour l’enseignement comme chargée de cours à l’Université Laval.