Alexis Turgeon
Alexis Turgeon reçoit au nom de son équipe le prix Lumière — Santé pour l’étude internationale HEMOTION qu’il a dirigée. Elle représente une avancée majeure dans le traitement des traumatismes craniocérébraux graves.
Prix Lumière — Santé
Ce prix souligne une découverte ou une percée remarquable, ainsi que l’éclairage nouveau qu’elle apporte.
Alexis Turgeon améliore la prise en charge des traumatismes craniocérébraux
Alexis Turgeon est professeur titulaire au Département d’anesthésiologie et de soins intensifs de la Faculté de médecine de l’Université Laval et médecin spécialiste en soins intensifs. Il est titulaire de la Chaire de recherche du Canada en soins intensifs neurologiques et traumatologie et cofondateur du Consortium canadien de recherche en traumatisme craniocérébral. Ses travaux visent à améliorer les pratiques en soins intensifs neurologiques, en traumatisme craniocérébral en particulier, par l’évaluation d’interventions en milieu de soins réel.
L’étude internationale HEMOTION représente une avancée majeure dans le traitement des traumatismes craniocérébraux graves. Réalisé dans 34 centres à travers quatre pays, cet essai clinique a évalué si le maintien d’un niveau d’hémoglobine élevé dans le sang améliorait le pronostic des patients. Ainsi, 742 patients ayant subi un traumatisme craniocérébral grave ont été répartis aléatoirement entre deux groupes. Ils ont été assignés à une stratégie libérale de transfusion sanguine (visant à maintenir une hémoglobine >100 g/L) ou suivant la stratégie restrictive usuelle (tolérer 70 g/L avant de transfuser). L’hémoglobine est ce qui permet aux globules rouges de transporter l’oxygène, notamment aux zones lésées du cerveau.
Les résultats, publiés dans la prestigieuse revue New England Journal of Medicine, montrent que la stratégie libérale visant à maintenir des niveaux d’hémoglobine élevés par des transfusions sanguines améliore l’indépendance fonctionnelle et la qualité de vie des patientes et des patients. Même si elle ne modifie pas la mortalité ni les handicaps majeurs de façon significative, cette découverte remet en question la pratique actuelle de tolérer des niveaux très bas d’hémoglobine. Surtout, cette percée a des répercussions directes sur les soins de santé. En ayant le potentiel d’améliorer le bien-être de la patientèle et de leur famille et en réduisant le fardeau des soins à long terme, la percée contribue à la durabilité des systèmes de santé. La transfusion sanguine, relativement peu coûteuse et accessible mondialement, est particulièrement pertinente dans les pays à revenus faibles et intermédiaires où surviennent 85 % des traumatismes craniocérébraux à l’échelle mondiale.
L’idée de cette étude germait depuis longtemps dans la tête du professeur Turgeon. Après une formation en médecine à l’Université Laval, puis en médecine spécialisée en anesthésiologie et en épidémiologie, Alexis Turgeon a complété une formation en médecine spécialisée de soins intensifs et postdoctorale en recherche à l’Université d’Ottawa. Son directeur d’études, Paul C. Hébert, venait de faire paraître un article dans le New England Journal of Medicine ayant mené à des changements majeurs en transfusion sanguine, favorisant une stratégie restrictive de transfusion. Toutefois, il restait des zones d’ombre importantes concernant les personnes souffrant de lésions cérébrales, compte tenu de la fragilité du cerveau et de l’altération des mécanismes de compensation en présence d’anémie (hémoglobine basse). L’essai clinique international HEMOTION éclaire maintenant l’importance de maintenir l’hémoglobine élevée chez les patients admis à l’unité des soins intensifs suivant un traumatisme craniocérébral. Il s’agit de la première démonstration d’une intervention qui a des effets réels sur l’amélioration du pronostic de ce type de patient.
Depuis la parution de l’article, deux nouvelles études internationales ont corroboré ces résultats. Déjà, la découverte se répercute dans la pratique et les lignes directrices des traitements en traumatisme craniocérébral. De son côté, l’équipe du professeur Turgeon travaille déjà à une autre découverte grâce à l’essai clinique international qu’il dirige, BRAINapt.
Pour lire l’article présentant la découverte